mercredi 3 février 2016

David Bowie, Witchcraft & VHÖL



    Difficile de se remettre à "écrire" sur la musique, lorsque l’on vient de perdre deux figures, telles que David Bowie ou Lemmy, et qui nous accompagnent depuis l’enfance. En effet, j’ai une multitude de souvenirs qui se rapportent à ces deux artistes. Des choses que l’on fait, des endroits où l’on va, avec une bande son qui s’y rapporte. Je me rappelle d’une fête de famille où mon cousin avait passé Overkill en forcing, traumatisant à jamais quelques tantes. Mémorable ! Ou encore Low que nous avons beaucoup écouté à deux avec ma moitié, Reality sorti l’année de naissance de ma fille et enfin The Next Day, que mon fils s’occupe de mettre dans le lecteur CD de la voiture… en oubliant d'autres souvenirs de la même sorte !

    Bref, tout ça pour dire que ces messieurs vont laisser un grand vide…
    Allez, en espérant que la suite de 2016 soit meilleure…



VHÖL – Deeper Than Sky :


    La surprise du chef de la fin 2015 !  Alors que l’on pensait avoir bouclé l’année pépère, un forumeur des Grandes Zoreilles déboule avec ce disque qui évoque les anciens Slayer et Metallica, le Mastodon pré-Blood Mountain, Voivod ou encore, plus récemment, Vektor. Du Thrash sévèrement burné, mélodique et virtuose !
    Un groupe composé de membres de Hammers Of Misfortune (Metal prog) et Agalloch (Catégorisé Folk Metal) accompagnés de Mike Sheidt l’excellent chanteur de YOB, avec sa voix si charismatique (qui alterne chant clair et voix growlée). Sept titres assez long, avec deux exceptions : le « Slayerien » 3AM et l’exercice de style Jazz Metal Paino avec un piano dingue qui suit la rythmique. Sinon, cela oscille entre 5mn et les 12mn de Deeper Than Sky, énorme pièce gigogne qui Thrash, Prog, et où  ça sololise, shredde, sur une rythmique au cordeau très impressionnante. Ce titre est un trip violent qui n’ennuie pas l’auditeur une seule seconde. Grande réussite, que ce morceau épique, marquant, qui alterne brutalité, virtuosité et moment plus apaisés. Il y a même de la flûte !


    Après l’intermède Paino (frais), trois titres aussi très marquants : Red Chaos, Thrash malsain qui part pied au plancher avec une ambiance assez lugubre qui fait penser à Mastodon, Mike n’étant pas loin du chant de Brent Hinds, d’ailleurs ; Lightess Sun, épique avec ses chœurs féminins hauts perchés (en fait, Mike Scheidt qui s’amuse), titre lorgnant vers le Black Metal ; The Tomb, Sludge au possible, avec ses riffs tranchants et sa fin apocalyptique !
 
    Grosse baffe dans la gueule, mais prêt à tendre l’autre joue direct ! On sent qu’il y a une âme dans cette musique et que les mecs s’amusent !


Witchcraft – Nucléus:


     Legend, le précédent disque avait marqué le monde du Metal, avec ce Doom habité et un chanteur à la voix superbe. Le groupe a aussi marqué lors de son passage au Hellfest, divisant l’auditoire. Certains trouvaient un peu hautain ou/et distant le chanteur Magnus Pelander, alors que le groupe était irréprochable. Pour ma part, je garde un très bon souvenir de ce concert avec ce chanteur entre le théâtral et la retenue.

 https://www.youtube.com/watch?v=uLNkCmsdKV8

    Retour des Suédois avec Nucleus, œuvre ambitieuse de 10 morceaux, dont deux longs de 15mn. Malstroem et ses 8mn sert de mise en bouche à ce nouvel opus. Et quelle entrée en matière ! Riffs extrêmement lourds, qui introduisent ce titre avec une intro de plus de 3mn, avant l’apparition de la voix puissante de Pelander. Après ce Doom de très bonne facture, c’est ensuite Theory of Consequence qui prend la suite : titre court mais d’une efficacité dingue 2mn24 de riffs gras qu’on dirait échappés des doigts de Toni Iommi !

 https://www.youtube.com/watch?v=zcUXonwLS4o

    Suit le single The Outcast, au départ surprenant, avec ses claviers « flûtes » sur le gimmick et qui vire presque dansant après le break. Finalement, après plusieurs écoutes, il passe tout seul ! Arrive l’épique Nucleus avec cette intro intimiste et ce violon omniprésent. Le riff principal est encore un modèle du genre et Magnus performe comme jamais sur ce titre. Un titre à tiroir, qui après les 6mn change complètement : moment très contemplatif, ensuite arpège répété et chanté avec des chœurs virils, pendant de longues minutes. Une sorte de chant de leurs ancêtres Vikings appuyé ensuite part une voix féminine presque lyrique, et Magnus se déchainant jusqu’au final avec accordéon ! Putain de magnifique et audacieux titre qui reste longtemps en tête.


     Ensuite, deuxième partie du disque avec le presque Slow, An Exorcism of Doubts. Encore un titre tiroir avec un break Sabbathien au milieu ! Succulent ! Puis, mandale riffesque avec The Obsessed qui porte bien son nom ! Solos de grandes classe et riff obsédant.  To Transcend Bitterness est dans la continuité du bonnard Legend : gros riffs qui tâchent sur rythmique pachidermique ! Helpless, qui démarre tout en douceur mais qui monte tout doucement (claviers et arpèges de guitares) avec un riff de guitare maousse doomesque qui emporte tout sur son passage !

Deuxième pièce épique : Breakdown. Deuxième sommet du disque, avec un départ mythique, qui emporte bien vers le trip, pendant plus de 6mn ! Ensuite, c’est un autre titre qui démarre : riffs lents et lourds… on entend les glissements des doigts sur les cordes… Magnus est en totale transe… retour de chœurs virils  jusqu’à cette fin avec violon ! Magnifique !


David Bowie – Blackstar :


    Un disque qui sort le vendredi et le grand Bowie nous quitte deux jours plus tard. Quand j’ai appris la nouvelle j’ai d’abord cru à une blague, ou à une mise en scène. C’est presque ça ! On l’imagine lutter jusqu’au bout pour partir après la sortie du disque.
     Un disque « donné » comme un dernier cadeau à ses fans ! Et quel cadeau ! Nous sommes à des années lumières de tous ce que les artistes de sa génération encore en activité, peuvent nous « offrir » actuellement (vous allez trouver tout seul !). Pour cette œuvre de 7 titres, le boss s’est entouré de pointure du Jazz et le résultat… est du Bowie.

 Édition Vinyle de Blackstar



    Du Bowie qui rappelle la période Outside et Earthling, mais aussi la froideur de Hours par moment. Le saxophone (l’instrument de prédilection de David) est le fil rouge de ce disque, présent sur tous les titres, tour à tour discret ou partant dans des délires free. La première plage, Blackstar, dure quasi 10mn. Ouverture comme un songe… et cette voix inimitable, qui a peu bougée malgré les années. Un titre assez Electro avec un break quasi Soul au milieu, comme un second titre dans le titre. Troublant ! Ensuite 'Tis a Pity She Was a Whore, renoue avec la période Drum & Bass de la deuxième moitié des années 90. Titre qui met la pêche, joyeux, fougueux…


    Ensuite, c’est Lazarus, titre ultra prenant, tant au niveau de la musique, grave, douce, qu’au niveau des paroles très glaçantes (et encore plus à postériori !!) :

 Look up here, I'm in heaven
Regarde là-haut, je suis au Paradis.
I've got scars that can't be seen
J'ai des cicatrices que l'on ne voit pas.
Ou encore :
Oh, I'll be free
Oh, je serai libre
Just like that bluebird
comme cet oiseau bleu.
Oh, I'll be free
Oh, je serai libre...
Ain't that just like me ?
Ça me ressemble bien, non ?
La musique est sublime !
 

    Seconde face (oui, je parle du vinyle, édition superbe, que je conseille aux amateurs !), avec Sue (Or In a Season of Crime). Ce morceau est apparu l’année dernière sur la compilation Nothing Has Changed, plus Jazz classique et plus long. Ici, il bastonne beaucoup plus. Plus sec, plus Rock, avec un passage quasi Metal. Frais ! Je préfère cette version, même si je trouvais très bien la première version.

    Girl Loves Me, titre avec rythmique martiale. Un poil inquiétant, menaçant et finalement encore une grande réussite, avec David qui vocalise à merveille. Ensuite, c’est l’apaisé (du moins au départ !) Dollar Days ! Le saxo de Donny McCaslin est omniprésent sur quasi toute la durée du titre, avec un superbe final où la guitare se lâche.


    I Can't Give Everything Away, termine joyeusement le disque. Oui, joyeux, c’est le mot qui me vient à l’esprit quand j’entends ce titre. Comme si David, après avoir fait le bilan et laissé les tourments, pouvait partir en paix. C’est vraiment l’impression que laisse ce disque, alternant le chaud et le froid, et finalement, nous laissant en joie.

Merci l’artiste !
Et à bientôt les rockers !


Arno



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