dimanche 29 novembre 2015

Tigran Hamasyan - Mockroot live

...Stéréolux (Nantes)


Tigran : piano
Sam Minaie : basse
Arthur Hnatek : batterie


    Aller à un concert, boire une bière entre amis sont des choses banales, habituellement ! Évidemment, depuis deux semaines, cela a changé radicalement. Comment peut-on imaginer perdre la vie en étant dans un resto ou face à un groupe qui joue sa musique ? J’ai ressassé et ressassé cette question entre le concert de Father John Misty et celui de Tigran. Et puis, je n’oublierai jamais les regards inquiets, même si discrets, de mes enfants qui voient souvent leur papa partir voir des concerts. Je mentirai, si je disais que je n’avais pas pensé à l’horreur du Bataclan, ce jeudi soir, dans la salle du Stéréolux, mais je n’ai pas ressenti d’ambiance pesante pendant cette soirée. Enfin, j’imagine que chaque personne présente a dû y penser.


     Bon, nous sommes là pour voir Tigran Hamasyan en trio, qui présente l’excellent Mockroot, sorti au début de l’année. Après un apéro dinatoire chez l’ami Joss et sa petite famille, nous ne sommes pas arrivé très tôt sur place, obligés de se placer en balcon assez éloigné de la scène. L’avantage, c’est que nous avons eu une belle vue d’ensemble et un son parfait, étant juste derrière la console.

     Rapidement, les musiciens arrivent et Tigran joue seul l’introduction du disque, To Love. Ensuite, c’est l’explosion musicale qui commence. Song for Melan & Rafik, ou le pianiste remplace Areni Agbabian, la chanteuse sur l’album, par des mélodies de piano. Ça passe tout seul, même sans le saxophone ! Le délicat Kars 1 vire en explosion frontale et sera couplé, logiquement à Kars 2 (j’ai fait le rapprochement en réécoutant le disque après !).


    Je suis la groupie du petit pianiste Arménien, prêt à le suivre partout !

   Depuis que je connais ce monsieur, l"évolution est constante ! En effet, à partir de Shadow Theater et le concert filmé, encore regardable sur Arte, sa musique est en perpétuelle évolution. Joss me dit que c'est ça le Jazz, mais moi dans ce genre ne je suis, on peut le dire, qu'un puceau, qui est émerveillé par cette mutation. Une mutation palpable lors du concert, vu il y a un an, quasiment pile poil. A ce moment, la tournée Shadow Theater se terminait et Mockroot allait sortir quelques semaine après. Tigran et son groupe étaient vraiment entre ce deux disques : entre Electro/Jazz/World et Jazz/Metal bien bourrin !

     Ce soir, Mockroot et ses morceaux les plus rythmés sont mis en avant ! Donc, avec Joss, nous en avons pris plein la tronche ! Joss m'a évoqué Messuggah ! n'étant pas connaisseur, ni adepte de ce groupe, je veux bien ! En tout cas, Tigran s'est beaucoup retrouvé à jouer à gauche sur son instrument ! Notes graves écrasées, Hamasyan debout, accroupi, bougeant comme un épileptique sous speed (ça fait beaucoup hein !). Mention spécial au bassiste qui sort souvent son épingle du jeu, faisant des arpèges sur ses cordes les moins graves, jouant avec ses pédales d'effet et sortant des sons surprenant.

 
    Tigran, assure les transitions, seul au piano. Il place de nombreuses notes en peu de mesures ! Impressionnant, comment il arrive à passer d’un moment très solennel, presque religieux à des accélérations brusques, mais pleines de virtuosité. Ses deux acolytes l’attendent, mais ces petites plages calmes ne durent pas aussi longtemps que durant le concert de St Nazaire. Même si Tigran est le boss, ils forment un vrai groupe carré et en totale symbiose (bon le patron a semblé dire à son batteur de plus se lâcher, un moment donné !). Ils ont aussi joué l’impeccable To Negate, douce mélopée qui se durcit brusquement. The Grid devient un morceau de Drum & Bass, dansant et puissant en même temps et ne formant qu’un seul titre avec Out the Grid (aucune coupure, comme il y a sur le disque !).


     Drip de Shadow Theater avec son break heavy qui ne dépareille pas avec la tournure plombée du groupe ce soir. D’ailleurs, comme je l'attendais à St Nazaire, j’aurais bien aimé, même un petit bout, de Road Song. Et même un « petit » Lilac, tiens. Mais je ne boude pas le plaisir que j’ai eu en cette belle soirée. Double Faced, dont nous avions eu la primeur à St Nazaire, est plus conforme à la version disque, très entrainante. Entertain Me nous mets à genou, avec ses multiples breaks et ses variations de rythmes toujours plus lourds. A noter que le public est très éclectique et brasse les générations (beaucoup de jeunes et, je suppose, beaucoup de Metalleux). C'était marrant de voir les gens headbanger comme au Hellfest

 
    Il y aura deux rappels, le public très enthousiaste, faisant une standing ovation pour cette impeccable prestation. Tout d’abord, The Appel Orchard in Saghmosavang, qui débute calmement, monte tout doucement, pour finir encore plus puissant. En guise de final, le groupe nous a offert une version plus rythmée de Longing, sublime titre de A Fable. Belle surprise, et bon moyen de « redescendre » tout doucement de ce moment intense, sublime et salvateur. Et comme pour faire un gros fuck aux connards qui disent que simplement vivre, c’est mal, nous avons pris une bonne bière à la suite du show. Et, cerise sur le gâteau, Tigran, Sam et Arthur sont venu au milieu des gens qui les ont félicité. Moment particulier ! J’ai réussi, avant de partir, à lui faire un petit signe pour dire que c’était géant. Échange bref, mais sincère avec ce talentueux musicien, dont la musique me (nous) fait beaucoup de bien !



A plus, les rockers ouvert d'esprits et aimant la vie !

Arno 


vendredi 13 novembre 2015

Fuzz, All Them Witches & Clutch



Clutch – Psychic Warfare :


    Leur précédent disque, Earth Rocker, fut une grosse baffe dans la gueule ! Metal de bucheron efficace à chanter sous la douche. Bon, le dernier se chauffe du même bois : X-Ray Visions ou Firebirds possèdent des refrains et riffs de guitares imparables. Avec Clutch c’est l’efficacité qui prédomine, avec toujours cette rythmique carrée et ces guitares acérées (riffs, solos, wha-wha, slide… tout y passe !). Et puis ces phrasés Bluesy qui plaisent : sur A Quick Death In Texas, sur le très western Our Lady of Electric Light ou le final, et super bandant,  Son Of Virginia. Et il faut parler de ce chanteur si charismatique qu’est  Neil Fallon, avec cette voix si puissante et gouailleuse, très particulière. Clutch était attendu, et Clutch fait excellemment le boulot, comme d’hab’ !
 
 https://www.youtube.com/watch?v=X8cmbmwFAl8

Firebiiiiids !!!


All Them Witches - Dying Surfer Meets His Maker :


    Bon, ce groupe Américain m’épate ! Un groupe estampillé rapidement dans la case Stoner, mais qui dépasse le genre. Déjà, Lightning at the Door, de 2013, lorgnait beaucoup du côté du blues bien Roots. Ici, on y ajoute un côté Folk qui met leur musique encore plus près de l’os. Dès le très chamanique, Call Me Star, vous allez planer très très haut. Mellowing et ses grattes autour du feu, le fait bien aussi. Le violon, sur Open Passage Way, qui apporte une patte Country à leur Stoner. Le pur Blues This Is Were It Falls Apart avec cet harmonica omniprésent, est une longue plage bien tripante aussi ! Et Talisman couplé à Blood and Sand / Milk and Endless Waters, titres habités qui finiront de vous émouvoir.


Après, il y a du classique à gros riffs, qui emporte bien aussi : El Centro genre de Kyuss, très Desert Rock ; Dirt Preachers bien inquiétant au départ, apaisant pour finir ! Mais nous avons à faire à un disque bien cool, pour nous faire voyager sans sortir de chez soi ! All Them Witches, le groupe à suivre !


Fuzz – II :


    Ty Segall est imprévisible ! Non content de sortir 5 disques pas an en solo (et j’exagère à peine !), il nous inonde de disque de ses projet divers. L’un des plus intéressants est certainement Fuzz. Avec Charlie Moothart à la gratte incendiaire (qui joue aussi dans le Ty Segal Band) et Chad Ubovich à la basse (des excellents Meatbodies), Ty, batteur, est formidablement entouré. Ici, c’est comme si le Black Sab’, les Stooges et, disons Cream (power trio) avaient copulé un soir de beuverie, et Fuzz serait leur fils illégitime. Guitares incendiaires, Basses vrombissante et Batterie mammouth, tel est la recette du groupe. 


    Pour couronner le tout, c’est quasiment le double de temps de musique que le premier disque, qui nous arrive en pleine bouche ! Album truffé de bombes inoubliables (Rat Race, Pollinate, Pipe, … aux riffs bien violents), avec deux longs titre qui entourent le tout : Collapse II et II, titre instrumental de plus de 13 minutes. Une sorte de jam maitrisée qui vous terrasse, pour (vous) finir. BONNARD !

Profitez de ces pures galettes, bandes de vilains rockers !

Arno

Father John Misty (Stéréolux)

...Salle Micro, Nantes


    La petite salle était bien pleine, hier soir, pour accueillir Josh Tillman et sa bande !

   En première partie, une fille (Anna B Savage) seule avec sa guitare et sa voix. 5 titres habités, dépouillés mais marquants. Quelle voix, qui sort de ce petit bout de femme. Une voix qui m'a rappelée un certain Jeff Buckley, parfois. En tout cas, joli moment ! ( http://annabsavage.tumblr.com/ ; https://annabsavage.bandcamp.com/releases )


    Ensuite, Father John Misty prends la scène d’assaut ! Deux guitaristes, un bassiste, un batteur et un claviériste qui s'installe et qui lance un I Love You Honeybear plus Rock que sur disque et qui mets Josh dans les meilleures conditions. Tout le dernier album sera revisité, ainsi que les plus belles perles de Fear Fun. L'Electro True Affection, agrémenté d'un vrai batterie est encore plus dansante que sur disque !

    La voix de Tillman est fantastique et impeccable (pas de ratés !), même si, il faut le dire, que son arrivée m'a fait très peur : apparemment, un peu "chargé", il a failli s'étaler direct en se prenant les pieds dans les fils par terre. Il est resté assez réservé durant la première moitié du concert, sans grande communication, à part quelques merci ! Il s'est peu à peu détendu, au fur et à mesure de la soirée, distillant quelques plaisanteries ("Je suis heureux d'être ici, dans la patrie de la Country Music", ou au rappel, "Il me reste quelques chansons, sinon je peux vous jouer 17mn de Freebird !") et se trémoussant souvent sur la scène.



   Les titres les plus Rock bastonnent bien et ressortent dans cette dominance de mid-tempo accrocheurs. Les deux guitaristes sont excellents et rivalisent presque avec les phrasés typiques de Jonathan Wilson, qui parsèment les deux albums studio. Les The Ideal Husband, I'm Writing a Novel, This is Sally Hatchet et Funtimes in Babylon, sont imparables, dans le genre!


    Mais là ou j'ai pris ma claque, c'est quand le monsieur joue l'épure. Bored in the USA (je n'en attendais pas moins de ce titre !!), seulement sa voix et un piano ! Ou sur Holy Shit, qui me fait pleurer comme un gosse ! Frissons garantis. Ou, au rappel, seul avec sa gratte sur le superbe I Went to the Store One Day, où j'ai eu la chair de poule et quelques larmes sur les joues. Sans compter le final Everyman Needs a Companion (qui fini Fear Fun), qui m'a laisser sur un nuage, jusqu'à ce putain de réveil me casse l'ambiance le lendemain matin.

A bientôt, les rockers !

Arno