samedi 28 février 2015

Meatbodies - Sheraf

Chabada, le 26 février


    Sheraf, groupe Angevin en première partie. Très prometteur, malgré une basse mal réglée qui écrase tout sur son passage, avec ce batteur très efficace, et un chanteur qui divise l'assistance (pose de côté, faisant la gueule ou regardant ses pompes, à moitié déchiré ! Moi je m'en tape, mais d'autres sont horripilés, ce qui est certainement le but). Entre Garage/Goth/Shoegaze ! J'y ai trouvé des similitudes avec la musique et l'attitude de The Horrors ou même BRMC, parfois ! Groupe à suivre (surtout à revoir avec un son mieux réglé, afin de mieux apprécier le "travail" du guitariste et le jeux varié du batteur !).

Pour en savoir plus :
http://sheraf.bandcamp.com/track/real-home-2
https://www.facebook.com/sheraflonestar


     Ensuite, grand moment de Rock & Roll avec les Meatbodies, groupe de Chad Ubovich. Ce dernier est le mec qui officie à la basse dans Fuzz avec Ty Segall et Charles Moothart, grosse bombasse de 2013 ! Pas le dernier venu, donc.
     Quasi 1h de concert, sans "débander" une seule seconde ! Un set carré, bien que le son soit noyé dans les pédales Fuzz. Les mecs viennent pour la première fois en France, sont décontractés mais déjà "carrés" pour des même pas trentenaires ! Ça déconne à tout va, communique avec le public et fait passer la bonne humeur dans l'assistance.

     Basse/batterie (le batteur joue aussi chez les excellents Together Pangea !) au centre et deux guitaristes chanteurs "en stéréo" (Chad Ubovich, le gaucher à droite  et l'autre guitariste droitier, guitare portée très haute, à gauche !) ! Et vas-y que je t'harmonise en duo, que je réponde à ton solo, ou que je fasse exactement le même, comme toi en même temps, avec un son fort mais très audible ! Chad, lance tous les titres : balance l'intro ou le riff de base et les autres ferraillent derrière. Avec de nombreux changements de rythme qui passent tout seuls et qui font que la tension ne retombe jamais. Un set entre furie communicative et riffs bien lents et lourds, toujours entrainants.

    Belle claque ! Et belle maîtrise aussi !

Un aperçu des Meatbodies en live ! Seul le bassiste était différent à Angers.

A bientôt les Rock & Roller !

Arno


dimanche 22 février 2015

Moodoïd, Frànçois & The Atlas Mountains, Gaz Coombes et King Gizzard & the Lizard Wizard

Moodoïd - Le Monde de MÖO :


   Attention ! Objet Musical Non Identifié ! Ou alors, si ! Identifié, mais le mélange est si concentré et osé, qu'il en devient original. On y trouve, pèle-mêle du Air, M, Polnareff, Gainsbourg, Ange... et des groupes Psychés actuels, avec en tête Tame Impala (Kevin Parker à produit leur EP, 4 titres présent en bonus avec le CD !). Plus des paroles qui partent en live, imagées, complètement perchées...


   Un mélange qui peut friser parfois l'indigestion (Machine Métal et ses claviers tout droit sortis des 80's, genre vieux jeux vidéos ou génériques de manga de Récré A2 !), mais bluffant de trouvailles diverses (un chorus de saxo, des nappes de claviers, une basse caoutchouc, un break Jazzy, des rythmes tribaux...) et surtout d'audace. En effet, le jeune Pablo Padovani, n'en manque pas.


    Sa musique est riche. Et oui, elle flirte avec le kitch, frôle avec le ridicule aussi parfois (voix haut perchées, enfantines)... Mais il y a toujours une trouvaille, un plan génial ou une mélodie, qui "sauvent", qui surprennent, qui mettent sur le cul. Allez vous faire vous même une idée, mais, en ces temps si lourd, cette musique apaise, fait du bien... si vous êtes prêts à lâcher prise ! Barré ! Complètement barré ! Mais putain de vivifiant !



Frànçois & The Atlas Mountain - Piano Hombre :


    Un disque à classer aussi dans la Pop Psychédélique, mais pas autant perchée que Moodoïd. Un groupe que j'ai découvert sur le sampler récapitulatif de l'année 2011 des Inrocks, avec Les plus beaux ! Un titre qui mêlait rythmes africains et Pop Française plus classique. Un titre frais et assez original qui titillait les oreilles. Le disque dont il est tiré, E Volo Love, troisième du groupe, était du même acabit. Une belle surprise, genre parenthèse enchantée. Piano Hombre est pour ma part, une évolution vers un niveau supérieur ! Déjà, la production y est très soignée (signée Ash Workman qui a officié sur les deux derniers Metronomy) , réchauffant et donnant plus de prestance, à cette musique qui pouvait parfois sembler aigrelette. Là, c'est chaud, le son enveloppe le corps et les rythmiques tribales font bouger ton bassin. Du velours pour la voix de Frànçois Marry, fragile et délicate.


    Un disque articulé autours de titres qui sortent de suite du lot : la dansante La Vérité, au groove implacable et avec son superbe solo de wha-wha ; La Fille aux Cheveux de Soie, avec ses arrangements millimétrés qui font mouches (violons superbes !), Réveil Inconnue superbe avec son gimmick de clavier qui reste en tête...


    Ensuite, se détachent d'autres titres plus subtiles comme l'introductif Bois très planant, le précieux et délicieusement dansant Summer of a Heart, La vie Dure qu'on croirait sorti d'un disque de Vampire Weekend avec rythmes tribaux et le travail sur de nombreuses couches de voix, ou encore l'entrainant final Bien-Sûr qui vous enveloppe avec ses claviers.


   Disque spontané, réalisé en quelques jours, mais d'une incroyable cohésion. Sorti au début de 2014, Piano Ombre, vaut plus qu'une écoute superficielle. Un disque qui par sa musique et ses paroles poétiques, emportent loin et un album qui fait, encore une fois, du bien au corps et à l'âme.


Gaz Coombes - Matador :


    Gaz, ou l'ex-leader des excellents et toujours sous-estimés Supergrass ! Le meilleur groupe qui pouvait être donné à la Britpop. Secs, nerveux, frais... Gaz, Danny et Mick nous manquent depuis la mise en sommeil de leur groupe. Mais Coombes est un bosseur invétéré, qui écrit toujours et qui, en ce début de 2015, nous gratifie de son deuxième album en solo (J'ai d'ailleurs déjà parlé ici, du bien que je pensai de l'excellent Here Come the Bombs sorti il y a trois ans). Matador, donc avec cette pochette qui évoque le Heros du grand David.


    Disque qui démarre avec deux titres imparables : Buffalo, sublime et 20/20, riche avec ses cœurs gospels. Quelle entrée en matière ! On se demande ensuite, comment va faire le bougre pour maintenir un tel niveau. Bon c'est mal le connaitre le Gaz, de croire qu'il va laisser retomber le soufflet. Matador est d'une incroyable cohérence. Moins nerveux que dans le passé avec Supergrass, Coombes accouche d'un disque Pop extra-classe et enfile les perles : The English Ruse, The Girl Who Fell To Earth, Detroit jusqu"au sublime To The Wire... on peut toutes les citer ! L'homme a le sens du détail, du travail bien fait, du bel ouvrage ... Chaque chanson possède sa subtilité, son arrangement qui fait la différence ou l'intervention d'un instrument qui fait basculer un banal titre en une merveille pop.


    En tous cas, Matador est un disque qui se savoure, qui s'écoute dans de bonnes conditions, pour en sentir et ressentir toutes les subtilités. Une bombe Pop imparable. Un joyau pour tous les amoureux de musique. Gaz a une nouvelle fois tout bon !


King Gizzard & the Lizard Wizard - I'm In Your Mind Fuzz :


   C'est quoi ce blaze ?? Et cette pochette ??? On s'en tape ! C'est Australiens sont aussi excellent que Ty Segall et Thee Oh Sees ! Une bonne nouvelle, en somme, pour tous les amateurs de guitares fuzz et de Garage Rock. Vous me direz, que des groupes comme ça, il en pleut dans chaque coin du monde. Et je vous répondrai que oui, mais avec une qualité d'écriture comme ces King Gizzard, il y en a forcement beaucoup moins.


   En effet, même si le groupe reprend quelques codes du genre (guitares en furie, voix criardes, rythmes sous speed...), la première face de ce disque est proprement stupéfiante : 6 titres enchainés qui n'en forme qu'un, sans que cette musique ne débande une seule seconde. Harmonica, flûte et claviers vintages, tout est présent pour que la mayonnaise prenne.


   La deuxième face est sensiblement différente : 4 titres plus longs, bien dissociés et plus emprunt à l'expérimentation ou jam dans le garage. Avec même des titres à la cool : Satan Speeds Up, avec ses bidouillages de bandes ralenties et toujours cette flûte très connoté 70's et Her & I (Jam 2) et ses guitares affutées qui lorgne vers un Jerry Garcia qui aurait viré speed. Disque bien frais et un "bordel" qui semble pas si mal rangé que ça.

Bonnes écoutes, les amis rockers de la mort. A bientôt.

Arno

dimanche 15 février 2015

Tigran Hamasyan - Mockroot



    Bon, Shadow Theater, le précédent disque de Tigran, m'a complètement retourné (je ne suis pas près de m'en remettre et je n'ai pas envie, non plus !). Depuis, j'ai récupéré tout ce que j'ai pu de l'artiste (disques, EP, diverses collaborations...) et j'ai vu "la bête" en live, récemment. La claque !

    Avec Mockroot, l'homme creuse son sillon ! Tigran fait du Tigran ! Exit les diverses références (Jazz, World, Rock, Metal... etc), son style est bien rodé ! Une alternance de grâce et de violence maîtrisée. Un mixe entre l'épure de A Fable et la sophistication du précédent.

    Ça commence avec un court titre au son étouffé, To Love, que l'on croirait réalisé dans un chambre d'hôtel miteuse (on entend le bruit de trains derrière !). Un titre piano/voix avec Areni Agbabian au chant (présente sur le précédent disque et sur la tournée). Ensuite, Song for Melan & Rafik, reprend les choses où Shadow Theater les avait laissé : titre qui démarre doucement avec toujours la voix d'Areni et qui évolue doucement vers une tornade où la rythmique et le piano bastonnent.
    Kars 1. est un traditionnel arrangé à la sauce Tigran : un thème oriental, lumineux et gracieux qui a le droit un a passage très heavy où la basse et les notes graves du piano ne font qu'un. A noter aussi, de nombreuses couches de bidouillage Electro qu'il adore "confectionner".
    Double Faced, dont nous avons eu la chance d'avoir la primeur à St Nazaire (étiré jusqu'à plus de 10mn) suit. Un titre rentre-dedans avec contre-temps, en trio piano, basse et batterie. Chaque instrumentiste se donne à fond. Un morceau au rythme extrêmement communicatif, qui donne envie de taper du pied en secouant la tête.


    Viens ensuite, deux titres à la grâce subtile, qui vous terrassent par leur beauté. The Road That Bring Me To You, d'abord, qui, lui aussi aurait eu sa place sur Shadow Theater. Un titre qui joue avec les émotions : une voix quasi lyrique (Gayanée Movisyan) qui suit la mélodie du piano, tour à tour apaisé, puis tourmenté avec toujours cette section rythmique redoutable.
     Lilac, mon coup de coeur, comme du Agnes Obel (ou même du Sheller !) sous speed : mon dieu, cette main droite qui se "balade" avec une telle rapidité, une telle fluidité ! Un titre pour chialer dans sa bière, tellement c'est beau. Beau à en pleurer...


    La rupture est abrupte avec Entertain Me, morceau de 3mn à fond. Piano et boucles de claviers les uns sur les autres, rythmique d'enfer. Un titre très Rock où l'on sent Tigran habité (lors du break, on l'entend même chanter ses mélodies de piano !). Un titre qui laisse pantois.
    The Appel Orchard in Saghmosavang vient vous apaiser après la gifle. Tigran y chante sur la mélodie très mélancolique qui va faire monter haut les émotions (toujours avec l'apport de cette rythmique diablement entrainante !)
    Le court Kars 2. renoue avec les mélodies orientales envoutantes et sert de belle transition avec le titre suivant.


    To Negate, qui commence aussi sur une mélodie orientale et qui mue ver du heavy ! Voilà, Tigran fait du Heavy Oriental ! D'ailleurs, les titres suivants suivent le même chemin, vers un tourbillon où le jeu d'Hamasyan se fait tour à tour félin ou violent, complètement à l'opposé. Brutal, mais toujours virtuose : nombreux changement de rythme ; décalages Jazz ; basse et batterie quasi Metal (break de percus, de boucles où le bonhomme est complètement transcendé (The Grid et Out Of The Grid) : on l'entend encore "chanter" ses mélodies au loin, sans savoir si c'est volontairement laissé sur bande, ou pas). Renversant !
    Sur la dernière plage , après Out Of The Grid et quelques secondes de blanc, un morceau caché vient vous "finir" (comme si vous aviez besoin de cela !). Une balade très tripante avec le retour de cette voix féminine (plutôt Gayanée q'Arénie !?!) et cette main droite qui me terrasse, qui me passe par tous les pores, qui m'envoute, qui me retourne...

     Bref, vous l'avez deviné, je suis encore sous le charme de ce merveilleux pianiste Arménien, qui en a toujours sous la(les) main(s) et qui nous promet encore de belles choses, sur scène comme sur disques.


Pour mieux appréhender et comprendre sa musique, lire cet excellent entretient sur La Grosse Radio Metal : ICI !!

Et pour ne pas louper une date de concert, s'il passe près de chez vous : http://www.tigranhamasyan.com/

A bientôt, les amis mélomanes.

Arno


jeudi 5 février 2015

Magma à Nantes (Stéréolux)

Jeudi 29 Janvier


   Magma, groupe français légendaire, avec sa propre langue inventée (le Kobaïen), ces tenues particulières, son logo facilement identifiable et surtout, cette musique unique. Un rock ouvert au Jazz, au Progressif, et bien plus encore. Plus de 40 années de carrière et un groupe toujours fortement actif (sorties de disques studios, de concerts, de vidéos !)... bref, un rêve pour les fans.



    En ce jeudi, soir, je m'apprête à vivre mon premier concert de Magma. J'avais déjà écouté le groupe, il y a de ça quelques années, mais en me gardant ceci pour plus tard. Étant conscient de la particularité et de la virtuosité de cette musique, mais pas encore près à adhérer complètement au trip. Je pense, qu'avec la maturité et les différentes musiques que j'écoute, je suis désormais plus réceptif à ce groupe légendaire.

    La queue devant la salle est déjà énorme, quand j'arrive (à l'arrache !). Je vais louper la moitié du set de Sidony Box, trio de Jazz Nantais de bonne réputation. Bon, j'ai aimé la moitié de ce que j'ai entendu. Bien tripant sur les passages atmosphérique, mais incompréhensible, pour ma part, quand ça part en free.

    Il faut 1/4 d'heure pour mettre en place la scène et régler les instruments pour la suite. Entrée des 8 musiciens, Christian Vander et le chanteur portant la tunique noire adéquat à cette grande messe Kobaïenne. C'est ici que j'emprunte les mots de "Ehn (Stephane) Deïss", grand fan de Magma et créateur du forum les Grandes Zoreilles :

"Concert parfait ! Je n'avais pas vu le groupe dans une telle forme depuis 2002, à l'époque où Magma enchainait la trilogie "Theusz Hamtaahk".

Je n'avais pas assisté à un concert de la Zeuhl Wortz depuis 5 ans, et l'affreux concert à Rennes (j'étais même sorti avant la fin) ! Le son était horrible, c'était kitsch et le répertoire ne m'avait pas vraiment plu non plus !

Là :

- "Rïah Sahïltaahk"
- "Köhntarkös
z"
- "Slag Tanz"

Rappel : "Kreuhn Köhrmahn Ïss De Hundïn" (final de "MDK" (nota : Mekanïk Destructïw Kommandoöh, classique de Magma, mais classique tout court !), avec les cris d'éléphants)

Concert court, légèrement amputé (pas de "Zombies"), à cause de la blessure à la cheville de Christian Vander. Qui pourtant ne s'est pas ménagé ! Impérial du début à la fin, plus économe que d'habitude sur la grosse caisse, mais compensant comme il le faut pour que l'on ne s'en rende pas compte ! Bubu est toujours aussi fabuleux, tout comme les autres... La surprise est plutôt venu d'Hervé Aknin, que nous étions nombreux à trouver transparent, alors que là, il était complètement habité et très impressionnant vocalement parlant. Stella aussi, que j'avais trouvé à la peine sur certains concerts passés. La version de "Köhntarkösz" était titanesque, d'une puissance infernale ! Et "Slag Tanz" a tellement évolué depuis 2009 : je suis même quasi-certain qu'elle n'est plus dans la même tonalité : plus grave, dans tous les sens du terme !

Le son était parfait, même si le volume a eu tendance à monter sur la fin du concert, obligeant à sortir les protections auditives. C'était même la première fois depuis "Les Voix de Magma" à Douarnenez en 1992 que tout était distinct !

Bref, je suis vraiment heureux d'avoir revu ce groupe dans de telles conditions !"


    Vous avez vu comment c'est technique !!! Pour ma part, je suis resté perché pendant une bonne journée, tellement ce concert, que dis-je, ce trip, fut très particulier. Les voix, ces compositions très travaillées, très techniques aussi, mais laissant penser parfois qu'il y a une part d'improvisation (une sensation que cette musique reste instinctive, par moment !), tout concours à un dépaysement et un lâcher prise complet. Et puis Vander, capable de caresser subtilement ses cymbales et la seconde d'après écraser les peux de sa batterie avec ses baguettes en vous envoyant vous éclater contre les murs, est très impressionnant. Il est toujours habité par sa musique, en transe, avec ses yeux révulsés. Les passages calmes, posés, tranchent avec la furie déployée et le maelström qui nous prend violemment le corps.


    J'ai trouvé Rïah Sahïltaahk encore meilleure que sur disque ! Köhntarkösz m'a complètement retourné et Slag Tanz (dernier disque en date) est une composition passionnante ! L'ensemble du groupe fait un boulot chirurgical : basse et guitare virtuoses, claviers et vibraphone limpides et voix charismatiques. Superbe concert ! Et, cerise sur le pudding, je suis heureux d'avoir pu rencontrer et échanger (en vrai !) avec les "forumeurs" des Zoreilles présents (Michael, Olivier et Eric) !


    Je tiens à remercier Michael, a qui j'ai "emprunté" ces jolies photos ! Vous pouvez aller voir l'étendue de son magnifique travail ici : http://michaelparque.tumblr.com/

A bientôt, les amis rockers.

Arno